observatoire des sondages

Toujours Sarkozy

mardi 18 mars 2014

Malgré les affaires qui l’accablent, Nicolas Sarkozy serait toujours le candidat préféré des sympathisants UMP pour 2017. Un tel sondage est déjà une signature : c’est en effet un sondage Ifop-Le Figaro du 17 mars 2014 qui l’assure : l’ancien président recueille 62 % des « suffrages » soit 2% de plus qu’en novembre 2013, devant Alain Juppé avec 18% (+9 points), François Fillon avec 7 % (-10 points) et François Copé dont on apprend par un commentaire involontairement (?) humoristique qu’il « a doublé son résultat en passant de 1 à 2% des sondés » (AFP, 17 mars 2014).

Comme les sondages biaisés d’Opinionway-Patrick Buisson publiés par Le Figaro, relayés dans toute la presse française par l’AFP, ce sondage n’a suscité aucune critique. Peut-être quelques journalistes effrayés ont-ils cherché le biais. En vain. On a vu le tableau dans toute la presse, le chiffre s’afficher plein écran dans l’émission politique de France 2 "Mots croisés" (17 mars 2014) sans que personne comprenne. Disons le tout de go : quoi que l’on puisse penser de ces sondages effectivement biaisés (par internet et auprès des sympathisants autodéclarés), le caractère massif de la réponse ne laisse aucun doute : une grande partie des sympathisants UMP a bien pour candidat préféré Nicolas Sarkozy. On devrait plutôt dire qu’ils gardent Nicolas Sarkozy comme candidat préféré.

Le sondage Ifop-Le Figaro pose en effet une question impliquant la réponse. Les sympathisants UMP sondés sont aussi les électeurs de Nicolas Sarkozy en 2007 et 2012. Autant leur demander s’ils se sont trompés alors. On sait que la réponse obtenue confirme le choix antécédent. Ce mécanisme porte le nom de « dissonance cognitive ». Il est si puissant qu’il l’emporte sur les démentis les plus absolus [1]. Que faut-il mettre en cause ? La compétence de sondeurs et de journalistes qui ont un rapport objectiviste naïf avec l’information ? L’intérêt partisan sur le mode du wishful thinking qui leur interdit toute distance critique ? Il est bien clair que la formation intellectuelle de ces professions est aujourd’hui très insuffisante. Il faut donc espérer qu’une nouvelle génération soit mieux formée. En attendant, la doxa sondagière continue de modeler les visions. En un temps de pollution atmosphérique, on est tenté de reprendre l’expression de Maurice Druon qui accusait en 1972 la « pollution » par les sondages. Et pour les sceptiques qui refuseraient parce qu’ils ne voient rien, il suffirait de leur demander s’ils ont déjà vu les particules fines qu’ils respirent quotidiennement.


[1Cf. L. Festinger et al., When Prophecy Fails (1956). Publié en français sous le titre L’échec d’une prophétie, PUF, 1993).

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